Un nouveau projet de recherche récompensé : sevrage alcoolique et agressivité du carcinome hépato-cellulaire

Le congrès international d’Addictologie a mis en lumière en octobre dernier, un des projets liés aux addictions et cancers menés avec la collaboration du service d’Hépato-gastro-entérologie du CHU Amiens-Picardie (Pr Eric NGUYEN-KHAC chef de service et directeur adjoint du GRAP et Constance MARIE) et le groupe de recherche sur l’alcool et les pharmacodépendances GRAP (unité INSERM UMRS1247 UPJV-CHU Amiens-Picardie). Le prix Roche a été décerné au projet de la doctorante Constance MARIE sur les « Bénéfices de l’abstinence après exposition chronique à l’alcool dans l’agressivité du carcinome hépatocellulaire ».

Co-encadré par le Pr Mickael NAASSILA (Pr de physiologie et directeur du GRAP) et le Dr Ingrid MARCQ (UPJV GRAP), le travail de thèse de Constance MARIE, étudiante en 3ème année de thèse de Sciences sur l’agressivité du carcinome hépato-cellulaire d’origine alcoolique et l’importance du sevrage est lauréate du Grand Prix du Congrès international d’Addictologie de l’Albatros. Ce projet est mené grâce à une bourse doctorale Région/UPJV depuis octobre 2018.

A ce jour, il existe peu de données sur l’agressivité des cellules cancéreuses exposées à l’alcool et ses répercutions en terme d’espérance de vie et efficacité des traitements dans le CHC. L’impact de la consommation d’alcool, même faible, sur l’occurrence de certains cancers est une question d’actualité brûlante et qui est très peu étudiée.

Ces travaux sur l’alcool et l’hépatocarcinome permettent de mieux comprendre l’impact de la consommation d’alcool sur le pronostic des patients atteints de carcinome hépatocellulaire. Les résultats obtenus dans un modèle cellulaire de CHC d’origine alcoolique analysent les mécanismes physiopathologiques par lesquels l’exposition quotidienne et chronique à l’alcool induit une agressivité accrue du cancer. De façon très intéressante cette étude met en évidence le bénéfice important du sevrage alcoolique sur l’agressivité.

Le peu de données dans la littérature sur l’impact de l’alcool sur l’évolution du cancer restent controversées. De surcroit, un patient sur six atteint d’un cancer déclare avoir été informé des consultations en tabacologie et à peine plus d’un sur dix (11,5 %) d’une aide possible à la gestion de sa consommation d’alcool. Il existe des mesures et des politiques efficaces pour réduire les méfaits de l’alcool et améliorer la santé de la population. Le Plan d’action européen visant à réduire l’usage nocif de l’alcool 2012-2020 présente d’ailleurs une série d’options politiques fondées sur des données probantes. Cependant, le peu de données scientifiques est un réel frein dans la mise en place d’un réel suivi addictologique en parallèle du suivi oncologique.